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Acares, des larves d’Anthrène, et autres ravageurs pour qui ces œufs ou les jeunes larves qui vont en provenir, doivent être friande curée. Par suite de l’incurie de la mère, ce qui échappe à tous ces giboyeurs voraces et aux intempéries doit se trouver en nombre singulièrement réduit. De là, peut-être, la nécessité où est la mère de suppléer par sa fécondité à la nullité de son industrie.

L’éclosion a lieu un mois après, vers la fin de septembre ou le commencement d’octobre. La saison encore propice m’a porté à croire que les jeunes larves devaient immédiatement se mettre en marche et se disperser pour tâcher de gagner chacune une cellule d’Anthophore, grâce à quelque imperceptible fissure. Cette prévision s’est trouvée complètement fausse. Dans les boîtes où j’avais mis les œufs pondus de mes captifs, les jeunes larves, bestioles noires d’un millimètre tout au plus de longueur n’ont pas changé de place, quoique pourvues de pattes vigoureuses ; elles sont restées pêle-mêle avec les dépouilles blanches des œufs d’où elles étaient sorties.

Vainement j’ai mis à leur portée des blocs de terre renfermant des nids d’Anthophores, des cellules ouvertes, des larves, des nymphes de l’abeille : rien n’a pu les tenter ; elles ont persisté à former, avec les téguments des œufs un tas pulvérulent pointillé de blanc et de noir. Ce n’est qu’en promenant la pointe d’une aiguille dans cette pincée de poussière animée que je pouvais y provoquer un grouillement actif. Hors de là, tout était repos. Si j’éloignais forcément quelques larves du tas commun, elles y revenaient aussitôt avec précipitation, pour s’y enfouir au milieu des autres.