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autre part que dans les quelques mètres carré placés en face du talus habité par l’abeille maçonne. Ces larves ne devaient donc pas venir de loin ; pour se trouver au voisinage des Anthophores, elles n’avaient pas eu de longues pérégrinations à faire, car on n’apercevait nulle part les retardataires, les traînards, inévitables dans une pareille caravane en voyage. Les terriers où s’était faite l’éclosion se trouvaient par conséquent dans ce gazon en face des demeures des abeilles. Ainsi les Méloés, loin de déposer leurs œufs au hasard, comme pourrait le faire croire leur vie errante, et de laisser aux jeunes le soin de se rapprocher de leur futur domicile, savent reconnaître les lieux hantés par les Anthophores et font leur ponte à proximité de ces lieux.

Avec telle multitude de parasites occupant les fleurs composées dans l’étroit voisinage des nids de l’Anthophore, il est impossible que tôt ou tard la majorité de l’essaim ne soit infesté. Au moment de mes observations, une partie relativement fort minime de la légion famélique était en attente sur les fleurs, l’autre partie errait encore sur le sol, où les Anthophores très rarement se posent ; et cependant, au milieu du duvet thoracique de presque toutes les Anthophores que j’ai saisies pour les examiner, j’ai reconnu la présence de plusieurs larves de Méloés.

J’en ai pareillement trouvé sur le corps des Mélectes et des Coelioxys, hyménoptères parasites de l’Anthophore. Suspendant leur audacieux va-et-vient devant les galeries en construction, ces larrons de cellules approvisionnées, se posent un instant sur quelque fleur de camomille, et voilà que le voleur sera volé. Au sein de