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de râteau n’était pas donné sur un clapier désert !

Désormais c’est la chasse à la truffe, que le chien indique et que l’homme extrait. Je continue le système, l’Ammophile montrant le point convenable et moi fouillant du couteau. J’obtiens ainsi un second ver gris, puis un troisième, un quatrième. L’exhumation se fait toujours en des points dénudés, remués par la fourche quelques mois avant. Rien absolument n’indique au dehors la présence de la chenille. Eh bien ! Favier, Claire, Aglaé et les autres, que vous en semble ! En trois heures vous n’avez pu me déterrer un seul ver gris, et ce fin giboyeur m’en procure autant que j’en veux maintenant que je me suis avisé de lui venir en aide.

Me voilà suffisamment riche de pièces d’échange ; laissons au chasseur sa cinquième trouvaille, qu’il déterre avec mon concours. Je développe par paragraphes numérotés les divers actes du magnifique drame qui se passe sous mes yeux. L’observation se fait dans les conditions les plus favorables : je suis couché à terre, tout près du sacrificateur, et pas un détail ne m’échappe.

1° L’Ammophile saisit la chenille par la nuque avec les tenailles courbes de ses mandibules. Le ver gris se démène avec vigueur ; il roule et déroule sa croupe contorsionnée. L’hyménoptère ne s’en émeut : en se tenant de côté, il évite les chocs. L’aiguillon atteint l’articulation qui sépare le premier anneau de la tête, sur la ligne médiane et ventrale, en un point où la peau est plus fine. Le dard séjourne dans la blessure avec une certaine persistance. C’est là, paraît-il, le coup essentiel, qui doit dompter le ver gris et le rendre plus maniable.