Page:Fabre - Souvenirs entomologiques, première série, 1916.djvu/104

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des Guêpes irascibles. Elle est si peu douloureuse, qu’au lieu de faire usage de pinces, je prenais sans scrupule avec les doigts les Sphex vivants dont j’avais besoin dans mes recherches. Je peux en dire autant des divers Cerceris, des Philanthes, des Palares, des énormes Scolies même, dont la vue seule inspire l’effroi et, en général, de tous les hyménoptères déprédateurs que j’ai pu observer. J’en excepte les chasseurs d’Araignées, les Pompiles, et encore leur piqûre est bien inférieure à celle des Abeilles.

Une dernière remarque. On sait avec quelle fureur les hyménoptères armés d’un dard uniquement pour leur défense, les Guêpes par exemple, se précipitent sur l’audacieux qui trouble leur domicile, et punissent sa témérité. Ceux dont le dard est destiné au gibier sont au contraire très-pacifiques, comme s’ils avaient conscience de l’importance qu’a, pour leur famille, la gouttelette venimeuse de leur ampoule. Cette gouttelette est la sauvegarde de leur race, volontiers je dirais son gagne-pain ; aussi ne la dépensent-ils qu’avec économie et dans les circonstances solennelles de la chasse, sans faire parade d’un courage vindicatif. Établi au milieu des peuplades de nos divers hyménoptères chasseurs, dont je bouleversais les nids, ravissais les larves et les provisions, il ne m’est pas arrivé une seule fois d’être puni par un coup d’aiguillon. Il faut saisir l’animal pour le décider à faire usage de son arme ; et encore ne parvient-il pas toujours à transpercer l’épiderme si l’on ne met à sa portée une partie plus délicate que les doigts, le poignet par exemple.


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