Page:Fabre - Souvenirs entomologiques, première série, 1916.djvu/115

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

lement opposées, l’évolution des couleurs s’est maintenue des deux côtés dans la parité ; ou bien, si quelques légères discordances ont eu lieu, c’est au désavantage des nymphes exposées à la lumière. Tout au contraire de ce qui se passe dans les plantes, la lumière n’influe donc pas sur la coloration des insectes, ne l’accélère même pas ; et cela doit être puisque, dans les espèces les plus privilégiées sous le rapport de l’éclat, les Buprestes et les Carabes par exemple, les merveilleuses splendeurs qu’on croirait dérobées à un rayon de soleil, sont en réalité élaborées dans les ténèbres des entrailles du sol ou dans les profondeurs du tronc carié d’un arbre séculaire.

Les premiers linéaments colorés se montrent sur les yeux, dont la cornée à facette passe successivement du blanc au fauve, puis à l’ardoisé, enfin au noir. Les yeux simples du sommet du front, les ocelles, participent à leur tour à cette coloration, avant que le reste du corps ait encore rien perdu de sa teinte neutre, le blanc. Il est à remarquer que cette précocité de l’organe le plus délicat, l’œil, est générale chez tous les animaux. Plus tard, un trait enfumé se dessine supérieurement dans le sillon qui sépare le mésothorax du métathorax, et, vingt-quatre heures après, tout le dos du mésothorax est noir. En même temps, la tranche du prothorax s’obombre, un point noir apparaît dans la partie centrale et supérieure du métathorax, et les mandibules se couvrent d’une teinte ferrugineuse. Une nuance de plus en plus foncée gagne graduellement les deux segments extrêmes du thorax, et finit par atteindre la tête et les hanches. Une journée suffit pour transformer en un noir profond la teinte enfumée de la tête et des segments extrêmes du thorax. C’est alors que l’abdomen prend part à la coloration rapidement croissante. Le bord de ses segments antérieurs se teinte d’aurore, et ses segments postérieurs acquièrent