un liséré d’un noir cendré. Enfin les antennes et les pattes, après avoir passé par des nuances de plus en plus foncées, deviennent noires ; la base de l’abdomen est entièrement envahie par le rouge orangé, et son extrémité par le noir. La livrée serait alors complète, si ce n’était les tarses et les pièces de la bouche qui sont d’un roux transparent, et les moignons des ailes qui sont d’un noir cendré. Vingt-quatre heures après, la nymphe doit rompre ses entraves.
Il ne faut que de six à sept jours à la nymphe pour revêtir ses teintes définitives, en ne tenant compte des yeux, dont la coloration précoce devance d’une quinzaine de jours celle du reste du corps. D’après cet aperçu, la loi de l’évolution chromatique est facile à saisir. On voit qu’en laissant de côté les yeux et les ocelles, dont la perfection hâtive rappelle ce qui a lieu dans les animaux supérieurs, le lieu de départ de la coloration est un point central, le mésothorax, d’où elle gagne progressivement, par une marche centrifuge, d’abord le reste du thorax, puis la tête et l’abdomen, enfin les divers appendices, les antennes et les pattes. Les tarses et les pièces de la bouche se colorent plus tard encore, et les ailes ne prennent leur teinte qu’après être sorties de leurs étuis.
Voilà maintenant le Sphex paré de sa livrée, il lui reste à se dépouiller de son enveloppe de nymphe. C’est une tunique très-fine, exactement moulée sur les moindres détails de structure, voilant à peine la forme et les couleurs de l’insecte parfait. Pour préluder au dernier acte de la métamorphose, le Sphex, sorti tout à coup de sa torpeur, commence à s’agiter violemment, comme pour appeler la vie dans ses membres si longtemps engourdis. L’abdomen est tour à tour allongé ou raccourci ; les pattes sont brusquement tendues, puis fléchies, puis tendues encore, et leurs diverses articulations roidies avec effort. L’animal arc-bouté