Page:Fabre - Souvenirs entomologiques, première série, 1916.djvu/117

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sur la tête et la pointe de l’abdomen, la face ventrale en dessus, distend à plusieurs reprises, par d’énergiques secousses, l’articulation du cou et celle du pédicule qui rattache l’abdomen au thorax. Enfin ses efforts sont couronnés de succès, et après un quart d’heure de cette rude gymnastique, le fourreau, tiraillé de toute part, se déchire au cou, autour de l’insertion des pattes et vers le pédicule de l’abdomen, en un mot partout où la mobilité des parties a permis des dislocations assez violentes.

De toutes ces ruptures dans le voile à dépouiller, il résulte plusieurs lambeaux irréguliers dont le plus considérable enveloppe l’abdomen et remonte sur le dos du thorax. C’est à ce lambeau qu’appartiennent les fourreaux des ailes. Un second lambeau enveloppe la tête. Enfin chaque patte a son étui particulier, plus ou moins maltraité vers la base. Le grand lambeau, qui fait à lui seul la majeure partie de l’enveloppe, est dépouillé par des mouvements alternatifs de contraction et de dilatation dans l’abdomen. Par ce mécanisme, il est lentement refoulé en arrière, où il finit par former une petite pelote reliée quelque temps à l’animal par des filaments trachéens. Le Sphex retombe alors dans l’immobilité, et l’opération est finie. Cependant la tête, les antennes et les pattes sont encore plus ou moins voilées. Il est évident que le dépouillement des pattes en particulier ne peut se faire tout d’une pièce, à cause des nombreuses aspérités ou épines dont elles sont armées. Aussi ces divers lambeaux de pellicule se dessèchent-ils sur l’animal pour être détachés plus tard par le frottement des pattes. Ce n’est que lorsque le Sphex a acquis toute sa vigueur qu’il effectue cette desquamation finale, en se brossant, lissant, peignant tout le corps avec ses tarses.

La manière dont les ailes sortent de leurs étuis est ce qu’il y a de plus remarquable dans l’opération du