lourde capture. Les antennes de l’Éphippigère, longues et fines comme des fils, sont pour lui cordes d’attelage. La tête haute, il en tient une entre ses mandibules. L’antenne saisie lui passe entre les pattes ; et le gibier suit, renversé sur le dos. Si le sol, trop inégal, s’oppose à ce mode de charroi, l’Hyménoptère enlace la volumineuse victuaille et la transporte par très courtes volées, entremêlées, toutes les fois que cela se peut, de progressions pédestres. On n’est jamais témoin avec lui de vol soutenu, à grandes distances, le gibier retenu entre les pattes, comme le pratiquent les fins voiliers, les Bembex et les Cerceris, par exemple, transportant par les airs, d’un kilomètre peut-être à la ronde, les uns leurs Diptères, les autres leurs Charançons, butin bien léger comparé à l’Éphippigère énorme. Le faix accablant de sa capture impose donc au Sphex languedocien, pour le trajet entier ou à peu près, le charroi pédestre plein de lenteur et de difficultés.
Le même motif, proie volumineuse et lourde, renverse de fond en comble ici l’ordre habituel suivi dans leurs travaux par les Hyménoptères fouisseurs. Cet ordre, on le connaît : il consiste à se creuser d’abord un terrier, puis à l’approvisionner de vivres. La proie n’étant pas disproportionnée avec les forces du ravisseur, la facilité du transport au vol laisse à l’Hyménoptère le choix de l’emplacement de son domicile. Que lui importe d’aller giboyer à des distances considérables : la capture faite, il rentre chez lui d’un rapide essor, pour lequel l’éloigné et le rapproché sont indifférents. Il adopte donc de préférence pour ses terriers les lieux où lui-même est né, les lieux où ses prédécesseurs ont vécu ; il y hérite de profondes galeries, travail accumulé des générations antérieures ; en les réparant un peu, il les fait servir d’avenues aux nouvelles chambres, mieux défendues ainsi que par l’excavation d’un seul, chaque année reprises à fleur de terre. Tel est le cas,