Page:Fabre - Souvenirs entomologiques, première série, 1916.djvu/152

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au moment voulu, permet de tout disposer à l’avance. Avec le Sphex languedocien, ces conditions de succès n’existent plus. Se mettre en course à sa recherche expresse, avec le matériel préparé, est à peu près inutile, tant l’insecte aux mœurs solitaires est disséminé un à un sur de grandes étendues. D’ailleurs, si vous le rencontrez, ce sera la plupart du temps en une heure d’oisiveté, et vous n’obtiendrez rien de lui. C’est, disons-le encore, presque toujours à l’improviste, lorsque la préoccupation n’est plus là, que le Sphex se présente, traînant son Éphippigère.

Voilà le moment, le seul moment propice pour essayer une substitution de gibier et engager le chasseur à vous rendre témoin de ses coups de stylet. Procurons-nous vite une pièce de substitution, une Éphippigère vivante. Hâtons-nous, le temps presse : dans quelques minutes, le terrier aura reçu les vivres et la magnifique occasion sera perdue. Faut-il parler de mes dépits en ces instants de bonne fortune, appât dérisoire offert par le hasard ! J’ai là, sous les yeux, matière à de curieuses observations, et je ne peux en profiter ! Je ne peux dérober son secret au Sphex faute d’avoir à lui offrir l’équivalent de sa capture ! Allez donc songer, n’ayant que peu de minutes disponibles, à vous mettre en campagne pour la recherche d’une pièce de substitution, lorsqu’il m’a fallu trois journées de folles courses avant de trouver les Charançons de mes Cerceris ! Cette tentative désespérée, à deux reprises cependant je l’ai essayée. Ah ! si le garde champêtre m’eut surpris en ces moments-là, courant affolé par les vignes, quelle bonne occasion pour lui de croire au maraudage et de verbaliser ! Pampres et grappes, rien n’était respecté dans la précipitation de mes pas, entravés au milieu des lianes. À tout prix, il me fallait une Éphippigère, il me la fallait sur-le-champ. Et je l’eus une fois, en mes expéditions si promptement conduites. J’en rayonnais