Page:Fabre - Souvenirs entomologiques, première série, 1916.djvu/207

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nous vient la Farlouse, vulgairement le Sisi. Encore une onomatopée qui traduit le petit cri d’appel de l’oiseau. Nul ne donne avec plus de fougue sur la chouette, autour de laquelle il évolue dans un balancement continuel. Ne poursuivons pas davantage la revue des émigrants qui nous visitent. La plupart ne font ici qu’une halte ; ils y séjournent quelques semaines, retenus par l’abondance des vivres, des insectes surtout ; puis fortifiés, riches d’embonpoint, ils poursuivent leur voyage vers le sud. D’autres, en petit nombre, pour quartiers d’hiver adoptent nos plaines, où la neige est très rare, où mille petites graines sont à découvert sur le sol, même au cœur de la rude saison. Telle est l’Alouette, qui exploite les champs de blé et les friches ; telle est la Farlouse qui préfère les luzernières et les prairies.

L’Alouette, si commune dans presque toute la France, ne niche pas dans les plaines du Vaucluse ; elle y est remplacée par l’Alouette huppée, le Cochevis, ami de la grande route et du cantonnier. Mais il n’est pas nécessaire de remonter bien avant dans le nord pour trouver les lieux favoris de ses couvées : le département limitrophe, la Drôme, est déjà riche en nids de cet oiseau. Il est alors fort probable que, parmi les vols d’Alouettes venant prendre possession de nos plaines pour tout l’automne et tout l’hiver, beaucoup ne descendent pas de plus loin que la Drôme. Il leur suffit d’émigrer dans le département voisin pour avoir plaines sans neige et menues semences assurées.

Semblable émigration à petite distance me paraît être la cause du rassemblement d’Ammophiles surpris vers la cime du Ventoux. J’ai établi que cet Hyménoptère passe l’hiver à l’état d’insecte parfait, réfugié dans quelque abri, où il attend le mois d’avril pour nidifier. Lui aussi, comme l’Alouette, doit prendre ses précautions contre la saison des frimas. S’il n’a pas à redouter le manque de nourriture, capable qu’il est de supporter