Page:Fabre - Souvenirs entomologiques, première série, 1916.djvu/216

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l’insecte, le croquis de la voie suivie. Le résultat fut une ligne des plus embrouillées, avec courbures et angles brusques, branches rentrantes et branches rayonnantes, nœuds, lacets, intersections répétées, enfin un vrai labyrinthe dont la complication traduisait au regard les perplexités de l’insecte égaré.

Le puits retrouvé et la dalle levée, il faut revenir à la Chenille, ce qui ne se fait pas toujours sans tâtonnements, lorsque les allées et venues de l’Hyménoptère se sont par trop multipliées. Bien qu’elle ait laissé sa proie convenablement visible, l’Ammophile paraît prévoir l’embarras de la retrouver quand le moment sera venu de la traîner au logis. Du moins, si la recherche du gîte se prolonge trop, on voit l’Hyménoptère brusquement interrompre son exploration du terrain et revenir à la Chenille, qu’il palpe, qu’il mordille un moment, comme pour s’affirmer que c’est bien là son gibier, sa propriété. Puis l’insecte accourt de nouveau, en toute hâte, sur les lieux de recherche, qu’il abandonne encore une seconde fois, s’il le faut une troisième, pour rendre visite à la proie. Volontiers, je verrais dans ces retours répétés vers la Chenille, un moyen de se rafraîchir le souvenir du point de dépôt.

Ainsi se passent les choses dans les cas de grande complication ; mais d’ordinaire, l’insecte revient sans peine au puits qu’il a creusé la veille, sur l’emplacement inconnu où l’on conduit les hasards de sa vie errante. Pour guide, il a sa mémoire des lieux, dont j’aurai plus tard à raconter les merveilleuses prouesses. Pour revenir moi-même, le lendemain, au puits dissimulé sous le couvercle de la petite pierre plate, je n’osais m’en rapporter à ma mémoire seule : il me fallait notes, croquis, alignements, jalons, enfin toute une minutieuse géométrie.

Le scellé provisoire du terrier avec une dalle, comme le pratiquent l’Ammophile des sables et l’Ammophile