membres. Chacun de ces anneaux possède son noyau nerveux, ou ganglion, foyer de la sensibilité et du mouvement : de sorte que le système de l’innervation comprend douze centres distincts, éloignés l’un de l’autre, non compris le collier ganglionnaire logé sous le crâne et comparable au cerveau.
Nous voilà bien loin de la centralisation nerveuse des Charançons et des Buprestes, se prêtant si bien à la paralysie générale par un seul coup de dard ; nous voilà bien loin aussi des ganglions thoraciques que le Sphex blesse l’un après l’autre pour abolir les mouvements de ses Grillons. Au lieu d’un point de centralisation unique, au lieu de trois foyers nerveux, la Chenille en a douze, séparés entre eux par la distance d’un anneau au suivant, et disposés en chapelet à la face ventrale, sur la ligne médiane du corps. De plus, ce qui est la règle générale chez les êtres inférieurs où le même organe se répète un grand nombre de fois et perd en puissance par sa diffusion, ces divers noyaux nerveux sont dans une large indépendance l’un de l’autre : chacun anime son segment de son influence propre et n’est qu’avec lenteur troublé dans ses fonctions par le désordre des segments voisins. Qu’un anneau de la Chenille perde mouvement et sensibilité, et les autres, demeurés intacts, n’en resteront pas moins longtemps encore mobiles et sensibles. Ces données suffisent pour montrer le haut intérêt qui s’attache aux procédés meurtriers de l’Hyménoptère en face de son gibier.
Mais si l’intérêt est grand, la difficulté d’observation n’est pas petite. Les mœurs solitaires des Ammophiles, leur dissémination une à une sur de grandes étendues, enfin leur rencontre presque toujours fortuite, ne permettent guère d’entreprendre avec elles, pas plus qu’avec le Sphex languedocien, des expérimentations méditées à l’avance. Il faut longtemps épier l’occasion,