Page:Fabre - Souvenirs entomologiques, première série, 1916.djvu/231

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garde aux environs, ou peut-être creusant d’autres terriers pour y continuer sa ponte, œuf par œuf, chacun dans une cellule à part.

Cette particularité de l’approvisionnement initial avec une pièce de gibier unique et de petite taille n’est pas spéciale au Bembex rostré. Toutes les autres espèces se comportent de même. Si l’on ouvre une loge de Bembex quelconque, peu après la ponte, on y trouve toujours l’œuf collé sur le flanc d’un Diptère, qui forme à lui seul l’approvisionnement ; en outre, cette ration du début est invariablement de petite taille, comme si la mère recherchait des bouchées plus tendres pour le faible nourrisson. Un autre motif d’ailleurs, celui des vivres frais, pourrait bien la guider dans ce choix, ainsi que nous l’examinerons plus tard. Ce premier service de table, toujours peu copieux, varie beaucoup de nature suivant la fréquence de telle ou telle autre espèce de gibier aux environs du nid. C’est tantôt une Lucilia Caesar, tantôt un Stomoxys ou quelque petit Éristale, tantôt un délicat Bombylien habillé de velours noir ; mais la pièce la plus fréquente est une Phérophorie, à ventre fluet.

Ce fait général, sans exception aucune, de l’approvisionnement de l’œuf avec un Diptère unique, ration infiniment trop maigre pour une larve douée d’un vorace appétit, nous met déjà sur la voie de trait de mœurs le plus remarquable chez les Bembex. Les Hyménoptères dont les larves vivent de proie entassent dans chaque cellule le nombre de victimes nécessaires à l’éducation complète ; ils déposent l’œuf sur l’une des pièces et clôturent la loge où ils ne rentrent plus. Désormais la larve éclôt et se développe solitaire, ayant devant elle, du premier coup, tout le monceau de vivres qu’elle doit consommer. Les Bembex font exception à cette loi. La cellule est d’abord approvisionnée d’une pièce de venaison, unique toujours de