Page:Fabre - Souvenirs entomologiques, première série, 1916.djvu/241

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dorés avec trois bandes pourpres, pâlissent vite et se ternissent comme le fait le regard d’un mourant. Tous ces Diptères, grands et petits, enfouis dans des cornets où l’air circule, se dessèchent en deux ou trois jours et deviennent cassants ; tous, préservés de l’évaporation dans des tubes de verre où l’air est stagnant, se moisissent et se corrompent. Ils sont donc morts, bien réellement morts lorsque l’Hyménoptère les apporte à la larve. Si quelques-uns conservent encore un reste de vie, peu de jours, peu d’heures terminent leur agonie. Ainsi, par défaut de talent dans l’emploi de son stylet ou pour tout autre motif, l’assassin tue à fond ses victimes.

Étant connue cette mort complète du gibier au moment où il est saisi, qui n’admirerait la logique des manœuvres des Bembex ? Comme tout se suit méthodiquement, comme tout s’enchaîne dans les actes de l’Hyménoptère avisé ! Les vivres ne pouvant se conserver sans pourriture au delà de deux ou trois jours, ne doivent pas être emmagasinés au grand complet dès le début d’une éducation qui durera pour le moins une quinzaine ; forcément la chasse et la distribution doivent se faire au jour le jour, peu à peu, à mesure que le ver grandit. La première ration, celle qui reçoit l’œuf, durera plus longtemps que les autres ; il faudra plusieurs jours au naissant vermisseau pour en manger les chairs. Il la faut par conséquent de petite taille, sinon la corruption gagnerait la pièce avant qu’elle fut consommée. Cette pièce ne sera donc pas un Taon volumineux, un corpulent Bombyle, mais bien une menue Sphérophorie, ou quelque chose de semblable, tendre repas pour un ver si délicat encore. Viendront après et par ordre croissant les pièces de haute venaison.

En l’absence de la mère, le terrier doit être clos pour éviter à la larve de fâcheuses invasions ; l’entrée néanmoins doit pouvoir s’ouvrir très fréquemment, à