Page:Fabre - Souvenirs entomologiques, première série, 1916.djvu/247

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rentrée au nid, je ne vois rien de particulier dans le jeu des antennes. Sans lâcher un seul moment son gibier, le Bembex gratte un peu devant lui, au point même où il a pris pied, pousse du front et entre tout aussitôt avec le Diptère sous le ventre. Le sable s’éboule, la porte se ferme, et voilà l’Hyménoptère chez lui.

En vain, des centaines de fois, j’ai assisté au retour du Bembex dans son domicile ; c’est toujours avec un étonnement nouveau que je vois le clairvoyant insecte retrouver sans hésitation une porte que rien n’indique. Cette porte, en effet, est dissimulée avec un soin jaloux, non maintenant après l’entrée du Bembex, car le sable, plus ou moins bien éboulé ne se nivelle pas par sa propre chute et laisse tantôt une légère dépression, tantôt un porche incomplètement obstrué ; mais bien après la sortie de l’Hyménoptère, car celui-ci, partant pour une expédition, ne néglige jamais de retoucher le résultat de l’éboulement naturel. Attendons son départ, et nous le verrons, avant de s’éloigner, balayer les devants de sa porte et les niveler avec une scrupuleuse attention. La bête partie, je défierais l’œil le plus perspicace de retrouver l’entrée. Pour la retrouver, lorsque la nappe sablonneuse était de quelque étendue, il me fallait recourir à une sorte de triangulation ; et, que de fois encore, après quelques heures d’absence, mes combinaisons de triangles et mes efforts de mémoire se sont trouvés en défaut ! Il me restait le jalon, le fétu de graminée implanté sur le seuil de la porte, moyen non toujours efficace, car l’insecte, en ses continuelles retouches à l’extérieur du nid, trop souvent faisait disparaître le bout de paille.


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