Page:Fabre - Souvenirs entomologiques, première série, 1916.djvu/276

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cipitées. S’il veut essayer une fouille au fond de la chambre, il le refoule en arrière par de brutales ruades ; il le pousse, le culbute, l’expulse. Il ne traiterait pas autrement un gravier volumineux qui le gênerait dans son travail. Ainsi rudoyée, la larve songe à la défense. Je l’ai vue saisir la mère par un tarse, sans plus de façon qu’elle en aurait mis à mordre la patte d’un Diptère, sa proie. La lutte fut vive, mais enfin les féroces mandibules lâchèrent prise, et la mère disparut affolée, en jetant un piaulement d’ailes des plus aigus. Cette scène dénaturée, le fils mordant la mère, essayant peut-être de la manger, est rare et amenée par des circonstances qu’il n’est pas permis à l’observateur de provoquer ; ce à quoi il est toujours possible d’assister, c’est la profonde indifférence de l’Hyménoptère devant sa progéniture, et le dédain brutal avec lequel est traité cette masse encombrante, le ver. Une fois le fond du couloir exploré du râteau, ce qui est affaire d’un instant, le Bembex revient au point favori, le seuil de la demeure, où il reprend ses inutiles recherches. Quant au ver, il continue à se démener, à se tordre, où l’ont rejeté les maternelles ruades. Il périra sans secours aucun de sa mère, qui ne le reconnaît plus faute d’avoir trouvé l’habituel passage. Repassons par là le lendemain, et nous le verrons au fond de sa rigole, à demi cuit au soleil et déjà la proie des mouches, dont il faisait lui-même sa proie.

Telle est la liaison des actes de l’instinct, s’appelant l’un l’autre dans un ordre que les plus graves circonstances sont impuissantes à troubler. Que cherche le Bembex, en dernière analyse ? La larve, évidemment. Mais pour arriver à cette larve, il faut pénétrer dans le terrier, et pour pénétrer dans ce terrier, il faut d’abord en trouver la porte. Et c’est à la recherche de cette porte que la mère s’obstine, devant sa galerie librement ouverte, devant ses provisions, devant sa larve elle-