pas attention. À cette tendre et fidèle mère, qui s’exténue pour arriver au berceau de son nourrisson, il faut pour le moment la porte d’entrée, l’habituelle porte et rien que cette porte. Ce qui remue ses entrailles maternelles, c’est le souci du passage connu. La voie est libre cependant : rien n’arrête la mère, et sous ses yeux se démène anxieusement le ver, but final de ses inquiétudes. D’un bond, elle serait au malheureux, qui réclame assistance. Que n’accourt-elle auprès du nourrisson chéri ? Elle lui creuserait nouvelle demeure ; rapidement elle le mettrait à l’abri sous terre. Mais non : la mère s’entête à la recherche d’un passage n’existant plus, tandis que le fils se grille au soleil sous ses yeux. Ma surprise n’a pas d’égale devant cette obtuse maternité, le plus puissant néanmoins, le plus fécond en ressources, de tous les sentiments qui agitent l’animal. À peine en croirais-je le témoignage de ma vue sans des épreuves répétées à satiété tant sur les Cerceris et les Philanthes que sur les Bembex de différentes espèces.
Il y a plus fort encore. La mère, après de longues hésitations, s’engage enfin dans la rigole, reste du primitif corridor. Elle avance, recule, avance de nouveau, donnant de ci de là, sans s’y arrêter, quelques négligents coups de balai. Guidée par de vagues réminiscences, et peut-être aussi par le fumet de venaison qu’exhale le tas de Diptères, elle atteint par moments le fond de la galerie, le point même où gît la larve. Voilà la mère et son fils. En ce moment de rencontre après de longues angoisses, y a-t-il soins empressés, effusion de tendresse, signe quelconque de maternelle joie ? Qui le croirait n’a qu’à recommencer mes expériences pour se dissuader. Le Bembex ne reconnaît en rien sa larve, chose pour lui de valeur nulle, encombrante même, pur embarras. Il marche sur le ver, il le piétine sans ménagement, dans ses allées et venues pré-