Page:Fabre - Souvenirs entomologiques, première série, 1916.djvu/289

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L’Hyménoptère peut construire tout à fait à neuf, sur un emplacement qui n’a pas encore été occupé ; ou bien utiliser les cellules d’un vieux nid, après les avoir restaurées. Examinons d’abord le premier cas.

Après avoir fait le choix de son galet, le Chalicodome des murailles y arrive avec une pelote de mortier entre les mandibules, et la dispose en un bourrelet circulaire sur la surface du caillou. Les pattes antérieures et les mandibules surtout, premiers outils du maçon, mettent en œuvre la matière, que maintient plastique l’humeur salivaire peu à peu dégorgée. Pour consolider le pisé, des graviers anguleux, de la grosseur d’une lentille, sont enchâssés un à un, mais seulement à l’extérieur, dans la masse encore molle. Voilà la fonction de l’édifice. À cette première assise en succèdent d’autres, jusqu’à ce que la cellule ait la hauteur voulue, de deux à trois centimètres.

Nos maçonneries sont formées de pierres superposées, et cimentées entre elles par la chaux. L’ouvrage du Chalicodome peut soutenir la comparaison avec le nôtre. Pour faire économie de main-d’œuvre et de mortier, l’Hyménoptère, en effet, emploie de gros matériaux, de volumineux graviers, pour lui vraies pierres de taille. Il les choisit un par un avec soin, bien durs, presque toujours avec des angles qui, agencés les uns dans les autres, se prêtent mutuel appui et concourent à la solidité de l’ensemble. Des couches de mortier, interposées avec épargne, les maintiennent unis. Le dehors de la cellule prend lui l’aspect d’un travail d’architecture rustique, où les pierres font saillie avec leurs inégalités naturelles ; mais l’intérieur, qui demande surface plus fine pour ne pas blesser la tendre peau du ver est revêtu d’un crépi de mortier pur. Du reste, cet enduit interne est déposé sans art, on pourrait dire à grands coups de truelle ; aussi le ver a-t-il soin, lorsque la pâtée de miel