Page:Fabre - Souvenirs entomologiques, première série, 1916.djvu/294

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franchie de l’antique et sauvage droit d’aînesse. Mais les Chalicodomes en sont toujours à la base première de la propriété : le droit du premier occupant.

Lors donc que l’heure de la ponte approche, l’Abeille s’empare du premier nid libre à sa convenance, s’y établit ; et malheur désormais à qui viendrait, voisine ou sœur, lui en disputer la possession. Des poursuites acharnées, de chaudes bourrades, auraient bientôt mis en fuite la nouvelle arrivée. Des diverses cellules qui bâillent, comme autant de puits, sur la rondeur du dôme, une seule pour le moment est nécessaire ; mais l’Abeille calcule très bien que les autres auront plus tard leur utilité pour le restant des œufs ; et c’est avec une vigilance jalouse qu’elle les surveille toutes pour en chasser qui viendrait les visiter. Aussi n’ai-je pas souvenir d’avoir vu deux maçonnes travailler à la fois sur le même galet.

L’ouvrage est maintenant très simple. L’Hyménoptère examine l’intérieur de la vieille cellule pour reconnaître les points qui demandent réparation. Il arrache les lambeaux de cocon tapissant la paroi, extrait les débris terreux provenant de la voûte qu’a percée l’habitant pour sortir, crépit de mortier les endroits délabrés, restaure un peu l’orifice, et tout se borne là. Suivent l’approvisionnement, la ponte et la clôture de la chambre. Quand toutes les cellules, l’une après l’autre, sont ainsi garnies, le couvert général, le dôme de mortier, reçoit quelques réparations s’il en est besoin ; et c’est fini.

À la vie solitaire, le Chalicodome de Sicile préfère compagnie nombreuse ; et c’est par centaines, très souvent par nombreux milliers, qu’il s’établit à la face inférieure des tuiles d’un hangar ou du rebord d’un toit. Ce n’est pas ici véritable société, avec des intérêts communs, objet de l’attention de tous ; mais simplement rassemblement, où chacun travaille pour soi et ne se