Page:Fabre - Souvenirs entomologiques, première série, 1916.djvu/36

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dédommageai les plus zélés, ceux qui avaient tenu bon jusqu’au bout, et le pacte fut rompu. Je ne devais compter que sur moi seul pour des recherches qui, très-simples en apparence, étaient réellement d’une difficulté extrême.

Aujourd’hui même, après bien des années, les fouilles faites en lieux opportuns, les occasions épiées en temps favorables, ne m’ont pas encore donné un résultat net et suivi. J’en suis réduit à raccorder entre elles des observations tronquées, et à combler les lacunes par l’analogie. Le peu que j’ai vu, combiné avec les renseignements que m’ont donné en volière d’autres bousiers, Gymnopleures, Copris et Onthophages, se résume dans l’exposé suivant.

La boule destinée à l’œuf ne se confectionne pas en public, dans le pêle-mêle du chantier d’exploitation. C’est une œuvre d’art et de haute patience, qui demande recueillement et soins minutieux, impossibles au sein de la foule. On entre en loge pour méditer ses plans et se mettre à l’ouvrage. La mère se creuse donc un terrier à un décimètre ou deux dans le sable. C’est une assez vaste salle communiquant au dehors par une galerie bien moindre en diamètre. L’insecte y introduit des matériaux de choix, roulés sans doute sous forme de pilule. Les voyages doivent être multiples, car, sur la fin du travail, le contenu de la loge est hors de proportion avec la porte d’entrée et ne pourrait être emmagasiné en une seule fois. J’ai en mémoire un Copris espagnol qui, au moment de ma visite, achevait une pelote de la grosseur d’une orange au fond d’un terrier ne communiquant au dehors que par une galerie où le doigt pouvait tout juste passer. Il est vrai que les Copris ne roulent pas de pilules et ne font pas de longues pérégrinations pour transporter les vivres au logis. Ils creusent directement un puits sous l’ordure ; et brassées par brassées, ils entraînent à reculons la