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III

LE CERCERIS BUPRESTICIDE



Il est pour chacun, suivant la tournure de ses idées, certaines lectures qui font date en montrant à l’esprit des horizons non encore soupçonnés. Elles ouvrent toutes grandes les portes d’un monde nouveau où doivent désormais se dépenser les forces de l’intelligence : elles sont l’étincelle qui porte la flamme dans un foyer dont les matériaux, privés de son concours, persisteraient indéfiniment inutiles. Et ces lectures, point de départ d’une ère nouvelle dans l’évolution de nos idées, c’est fréquemment le hasard qui nous en fournit l’occasion. Les circonstances les plus fortuites, quelques lignes venues sous nos yeux on ne sait plus comment, décident de notre avenir et nous engagent dans le sillon de notre lot.

Un soir d’hiver, à côté d’un poêle dont les cendres étaient encore chaudes, et la famille endormie, j’oubliais, dans la lecture, les soucis du lendemain, les noirs soucis du professeur de physique qui, après avoir empilé diplôme universitaire sur diplôme et rendu pendant un quart de siècle des services dont le