Page:Fabre - Souvenirs entomologiques, première série, 1916.djvu/45

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après, la lettre la plus élogieuse, la plus encourageante de celui-là même qui m’avait inspiré. Le vénéré Maître m’adressait du fond des Landes la chaleureuse expression de son enthousiasme, et m’engageait vivement à continuer dans la voie. À ce souvenir, mes vieilles paupières se mouillent encore d’une larme de sainte émotion. Ô beaux jours des illusions, de la foi en l’avenir, qu’êtes-vous devenus ?

J’aime à croire que le lecteur ne sera pas fâché de trouver ici, en extrait, le mémoire point de départ de mes propres recherches, d’autant plus que cet extrait est nécessaire pour l’intelligence de ce qui doit suivre. Je laisse donc la parole au Maître, mais en abrégeant[1].

« Je ne vois dans l’histoire des Insectes aucun fait aussi curieux, aussi extraordinaire que celui dont je vais vous entretenir. Il s’agit d’une espèce de Cerceris qui alimente sa famille avec les plus somptueuses espèces du genre Bupreste. Permettez-moi, mon ami, de vous associer aux vives impressions que m’a procurées l’étude des mœurs de cet hyménoptère.

En juillet 1839, un de mes amis qui habite la campagne, m’envoya deux individus du Buprestis bifasciata, insecte alors nouveau pour ma collection, en m’apprenant qu’une espèce de guêpe qui transportait un de ces jolis coléoptères l’avait abandonné sur son habit, et que peu d’instants après, une semblable guêpe en avait laissé tomber un autre à terre.

En juillet 1840, étant allé faire une visite, comme médecin, dans la maison de mon ami, je lui rappelai sa capture de l’année précédente, et je m’informai des circonstances qui l’avaient accompagnée. La conformité de saisons et de lieux me faisait espérer de renouveler moi-même cette conquête ; mais le temps

  1. Pour le mémoire complet, consulter Annales des Sciences naturelles, 2e série, tom. XV.