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Page:Fabre - Souvenirs entomologiques edition7 Serie 9.djvu/166

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SOUVENIRS ENTOMOLOGIQUES

Soit maintenant l’Épeire diadème, hirsute et d’un roux variable. Elle a sur le dos de gros points blancs disposés en triple croix. Chassant de nuit surtout, elle fuit le soleil et se tient de jour sur les arbustes voisins, dans un refuge ombreux communiquant avec le réseau de gluaux au moyen d’un fil télégraphique. Sa toile, d’ailleurs, diffère à peine de celles des deux autres pour la construction et l’aspect. Qu’adviendra-t-il si mes malices lui valent la visite d’une Épeire fasciée ?

De jour, en plein soleil et par mon intermédiaire, la triple croix subit l’invasion. La toile est déserte ; la propriétaire est dans sa hutte de feuillage. Aussitôt le fil télégraphique fonctionne ; l’envahie accourt, fait à grands pas le tour de son domaine, voit le péril et précipitamment rentre dans sa cachette sans rien entreprendre contre l’intruse.

Celle-ci, de son côté, ne semble pas être à la fête. Déposée sur la toile de l’une de ses pareilles, ou bien sur celle de l’Épeire soyeuse, elle se serait campée au centre aussitôt la lutte terminée par regorgement. Cette fois, il n’y a pas de lutte, la toile étant déserte ; rien ne l’empêche de prendre position au centre, point stratégique principal, et pourtant elle ne bouge de la place où je l’ai mise.

Je la stimule doucement du bout d’une longue paille. Tracassée de la sorte quand elle est chez elle, l’Épeire fasciée, comme les autres du reste, fait trembler véhémentement la toile pour intimider l’agresseur. Maintenant rien ; malgré mes agaceries répétées, l’Araignée ne détale. On la dirait stupéfiée par la terreur. Il y a de quoi : l’autre la guette du haut de son belvédère.

D’autres motifs pourraient bien être en cause dans son