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L’ARAIGNÉE LABYRINTHE

cloître ; elle stationne ici, puis ailleurs ; longuement elle ausculte la sacoche des œufs ; elle écoule ce qui se passe sous l’enveloppe de salin. La troubler serait une barbarie.

Pour un examen plus intime, mettons à profit les nids délabrés apportés des champs. Abstraction faite de ses piliers, la poche des œufs est un conoïde renversé, rappelant l’ouvrage de l’Épeire soyeuse. L’étoffe en est de quelque résistance ; le tiraillement de mes pinces ne la déchire pas sans difficulté. À l’intérieur du sac, rien autre qu’une ouate blanche, d’extrême finesse, et enfin les œufs, au nombre d’une centaine et relativement assez gros, car ils mesurent un millimètre et demi. Ce sont des perles d’un jaune ambré très pâle, non agglutinées entre elles et roulant libres dès que j’écarte l’édredon qui les enveloppe. Mettons le tout en tube de verre pour suivre l’éclosion.

Revenons maintenant un peu sur nos pas. L’époque de la ponte venue, la mère abandonne sa demeure, son cratère où roulaient les précipités, son labyrinthe où s’échouait l’essor des moucherons ; elle quitte intacts les appareils qui grassement la faisaient vivre. Soucieuse des devoirs maternels, elle va fonder au loin un autre établissement. Pourquoi s’éloigner ?

Quelques longs mois de vie lui revenant encore, la nourriture lui est nécessaire. Alors ne serait-il pas mieux de loger la ponte dans l’étroit voisinage du domicile actuel et de continuer la chasse avec l’excellent piège dont on dispose ? La surveillance du nid et la victuaille d’acquisition facile marcheraient de pair. L’Araignée est d’un autre avis, et j’en soupçonne le motif.

La nappe du filet et le labyrinthe qui la surmonte