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Page:Fabre - Souvenirs entomologiques edition7 Serie 9.djvu/274

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SOUVENIRS ENTOMOLOGIQUES

l’avant-bras. Inertie brusque de la patte atleinle et bientôt de la seconde. Les autres pattes se recroquevillent. Pulsations du ventre et rapide immobilité totale. C’est la mort presque foudroyante.

Autre piquée à l’articulation de la jambe et de la cuisse de l’une des pattes intermédiaires. Soudain les quatre pattes postérieures se replient ; les ailes, que l’insecte n’avait pas étalées au moment de l’attaque, se déploient convulsivement comme dans la pose de spectre et persistent dans cet état même après la mort. Les pattes ravisseuses s’agitent en désordre ; elles saisissent, s’ouvrent, se referment ; les antennes se meuvent, les palpes tremblotent, le ventre palpite, les appendices caudaux oscillent. Encore un quart d’heure de cette tumultueuse agonie, et le repos se fait. La Mante est trépassée.

Ainsi de tous les cas que se permet ma curiosité, surexcitée par l’émouvante allure du drame. Quel que soit le point atteint, plus près ou plus loin des centres nerveux, la Mante toujours succombe, tantôt à l’instant même, tantôt après quelques minutes de convulsions. Crotales, Cérastes, Trigonocéphales et autres serpents venimeux d’épouvantable renom, ne tuent pas leurs victimes avec plus de promptitude.

J’ai vu là d’abord la conséquence d’un organisme affiné, d’autant plus délicat et plus vulnérable qu’il est mieux doué. Créatures d’élite l’une et l’autre, l’Araignée et la Mante, me disais-je, périssent à l’instant d’un trouble qu’une vie grossière supporterait des heures et des jours, peut-être même sans grand encombre. Adressons-nous alors à la Courtilière, l’abhorré Taiocebo du jardinier provençal. Étrange bête, en vérité,