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Page:Fabre - Souvenirs entomologiques edition7 Serie 9.djvu/276

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SOUVENIRS ENTOMOLOGIQUES

bouquet, se séparent, se groupent de nouveau et tapotent l’objet que je mets à leur portée ; les antennes mollement oscillent ; le ventre a de larges pulsations. Par degrés, ces spasmes de l’agonie s’apaisent. Enfin, au bout d’une paires d’heures, les tarses, les derniers à mourir, cessent de trembloter. La grossière bête a succombé non moins bien que la Lycose et la Mante, mais avec une agonie plus longue.

Reste à s’informer si le coup sous la cuirasse du thorax n’a pas une efficacité spéciale, à cause du voisinage des centres nerveux. L’épreuve est reprise avec d’autres patientes et d’autres opérateurs. Parfois le dard pénètre au défaut de la cuirasse ; plus souvent il atteint un point du ventre. Dans ce cas même, la piqûre serait-elle faite à l’extrémité de l’abdomen, l’effet produit est toujours l’agonie soudaine. La seule différence reconnue, c’est que les pattes fouisseuses continuent quelque temps de s’agiter comme les autres, au lieu d’être brusquement paralysées. Lardée par le Scorpion en un point quelconque, la Courtilière est donc toujours mise à mal ; la robuste bête trépasse après quelques étirements convulsifs.

Et maintenant au tour du Criquet cendré, le plus gros, le plus vigoureux de nos Acridiens. Le Scorpion paraît soucieux au voisinage de ce turbulent lanceur de ruades. De son côté, le Criquet ne demanderait pas mieux que de s’en aller. Il bondit et vient choquer le carreau de vitre dont j’ai couvert l’arène afin de prévenir l’évasion. De temps à autre, il retombe sur le dos du Scorpion, qui fuit pour éviter cette averse. Enfin, impatienté, le fuyard pique l’Acridien au ventre.

La commotion doit être d’une rare violence, car l’une