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Page:Fabre - Souvenirs entomologiques edition7 Serie 9.djvu/358

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SOUVENIRS ENTOMOLOGIQUES

œufs pour une seule mère doit se rapprocher de deux cents.

En trois ou quatre semaines arrive l’éclosion. Elle s’annonce par le changement de coloration de l’œuf, qui du blanc passe au roux clair. Au sortir de sa coque, l’animalcule est roux et totalement nu. Son aspect est celui d’une très petite Araignée, d’autant mieux que ses longues antennes figurent assez bien une quatrième paire de pattes. En peu de temps, il lui vient sur le dos quatre rangées longitudinales de subtiles houppes blanches, laissant entre elles des intervalles nus. C’est le début de la casaque cireuse.

La longue émission des œufs, qui dure le tiers de l’année et davantage, l’éclosion relativement rapide, enfin la vestiture par degrés exsudée, nous expliquent comment, dans la sacoche maternelle, se trouvent à la fois des œufs blancs et des œufs roux, des petits nus et d’autres plus ou moins vêtus. Cette sacoche est donc un entrepôt où la ponte s’amasse, pendant de longs mois.

Là dedans, au sein d’une exquise ouate, les jeunes éclosent, mûrissent et se revêtent de cire avant de se risquer aux rudesses de l’air. D’un rameau à l’autre de l’euphorbe, la mère doucement les promène, sans préoccupation des sortants. Chacun, à mesure qu’il se sent les forces venues, émigre à son heure et va s’établir dans le voisinage. L’issue de l’habitacle est toujours ouverte ; il n’y a qu’à forcer un peu la barrière d’ouate.

Avec bien moins de douceur et de sécurité, la Lycose de Narbonne porte sa famille. Nul abri sur le dos de la bohémienne ; nulle garantie contre des chutes, fréquentes en pareille mêlée. Mieux inspirée, la Dorthésie fait