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Page:Fabre - Souvenirs entomologiques edition7 Serie 9.djvu/378

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SOUVENIRS ENTOMOLOGIQUES

leur aide, je renoncerais à la chasse que je me propose de faire sur les confins de l’invisible. L’année précédente, des broussailles d’yeuse, bien à portée du regard, ont été reconnues riches de Kermès. J’ai marqué d’un fil blanc chaque ramille peuplée.

C’est là que, patiemment, feuille par feuille, ramuscule par ramuscule, mes petits collaborateurs exercent leurs investigations. Après un sommaire coup de loupe de ma part, la récolte est mise dans une boîte d’herborisation. Le scrupuleux examen se fera dans mon cabinet, avec toutes les aises de l’observation.

Le 7 avril, au moment où je commence à désespérer de mes recherches, un animalcule passe dans le cbamp de ma loupe. C’est lui, c’est bien lui ! Tel je l’ai vu sortir l’an passé de la coque natale, tel je le revois maintenant. Rien n’est changé dans son aspect, ni la forme, ni la coloration, ni la taille. Il déambule, très affairé, sans doute à la recherche d’un point qui lui convienne. Le moindre pli de l’écorce à tout instant me le dérobe. Je mets sous cloche le rameau porteur du précieux atome.

Le lendemain j’entrevois une mue. À la bestiole trottinante succède un corpuscule immobile. C’est le début du Kermès globulaire. La bonne fortune ne m’a valu qu’une seule fois pareille trouvaille, qui eût mérité une étude plus circonstanciée si j’avais disposé de sujets assez nombreux. Ma visite aux yeuses était un peu tardive ; c’était en mars que j’aurais dû la faire. À cette époque, je le présume, j’aurais surpris l’animalcule quittant le sol et regagnant la frondaison du chêne vert pour s’y transformer. Au lieu d’un seul sujet, j’en aurais eu plusieurs, sans pouvoir compter néanmoins sur une