Page:Fabre d’Églantine - Le Philinte de Molière, 1878.djvu/22

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DUBOIS.

Nul n’a voulu venir.Comment, maraud !…De grâce,
Attendez un moment. Alors, d’une voix basse,
L’un des rieurs m’a dit : « Mon ami, voyez-vous
« Cet homme seul, là-bas, qui lit ? C’est, entre nous,
« L’homme qui vous convient. Abordez-le. » J’y vole :
C’est un homme assez mal vêtu ; mais la parole,
Il la possède bien, si je peux en juger.
Bref, nous sommes d’accord ; et, pour vous obliger,
Il va venir ici ; j’ai dit votre demeure ;
(En sortant.)
Et vous allez le voir, monsieur, dans un quart d’heure.

PHILINTE.

Je vois, à son discours bien circonstancié,
Qu’un homme de rebut va vous être envoyé.

ALCESTE.

Qu’importe ?

PHILINTE.

Qu’importe ?Un ignorant, et quelque pauvre hère…

ALCESTE.

Que mon opinion de la vôtre diffère !
Car il me plaît déjà.

PHILINTE, riant.

Car il me plaît déjà.Je n’en suis pas surpris.

ALCESTE.

Eh ! mon Dieu, laissez donc vos sarcasmes, vos ris.
Rentrons. Je suis à vous, madame, à l’instant même.
Et vous, monsieur, malgré la répugnance extrême
Que pour un homme pauvre, ici, vous faites voir,
Sachez que, dans un temps si funeste au devoir,
Où rien n’enrichit mieux que le crime et le vice,
La pauvreté souvent est un heureux indice.