Page:Fabre d’Églantine - Le Philinte de Molière, 1878.djvu/26

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ALCESTE.

Ah ! monsieur, est-ce donc la chaleur noble et forte
Qui devrait animer les gens de votre sorte ?

L’AVOCAT.

Mais, monsieur…

ALCESTE.

Mais, monsieur…On devrait, par une expresse loi,
Défendra à l’avocat de disposer de soi.

L’AVOCAT.

Je suis flatté, vraiment, de cette préférence
Qui vous fait…

ALCESTE.

Qui vous fait…Vous avez gagné ma confiance,
Et c’est en abuser.

L’AVOCAT.

Et c’est en abuser.De grâce, différons…

ALCESTE.

Mais vous prendrez ma cause, ou, parbleu ! nous verrons.

L’AVOCAT.

Monsieur, daignez m’entendre ; et, loin que ces murmures
Puissent, dans mon esprit, passer pour des injures,
Loin de m’en offenser, peut-être ce courroux
Détermine, à l’instant, mon estime pour vous.
Et, s’il faut en donner une preuve certaine,
Apprenez seulement le motif qui m’enchaîne,
Et qui pour quelques jours, du moins pour aujourd’hui,
M’empêche à vos désirs de prêter mon appui.
Vous allez décider du zèle qui me pousse,
Et si c’est justement que monsieur se courrouce,
Quand je refuse un temps que je viens d’engager,
Pour parer, sans retard, au plus pressant danger.

ALCESTE.

Voyons, monsieur… Ce ton me frappe et m’intéresse.

L’AVOCAT.

Je tais dans mon récit, et par délicatesse,
Les noms des deux acteurs d’un obscur démêlé,
Où l’un est le voleur et l’autre le volé ;
Car j’ignore, après tout, quelle en sera la suite.
Un homme, à moi connu par sa lâche conduite,