Page:Fabre d’Églantine - Le Philinte de Molière, 1878.djvu/38

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Ah ! je n’ose plus loin pousser cette peinture.
Pour le bien des humains, et grâce à la nature,
Aux erreurs de l’esprit la pitié survivra.
L’homme sent qu’il est homme ; et tant qu’il sentira
Que les malheurs d’autrui peuvent un jour l’atteindre,
Il prendra part aux maux qu’il a raison de craindre.
Quoi qu’il en soit enfin, voulez-vous m’obliger ?
À servir ces gens-ci puis-je vous engager,
Solliciterez-vous votre oncle ?

PHILINTE.

Solliciterez-vous votre oncle ? Mais, de grâce,
Observez donc, Alceste…

ALCESTE.

Observez donc, Alceste…Au fait. Le temps se passe :
Mon homme va venir. Répondez.

PHILINTE.

Mon homme va venir. Répondez.Je ne vois…

ALCESTE.

Monsieur, le voulez-vous ? pour la dernière fois.

PHILINTE.

Mais vous êtes pressant d’une étrange manière :
Il est mille raisons, qu’avec pleine lumière
Je peux vous exposer : raisons fortes pour nous
Mais on ne peut jamais s’expliquer avec vous.

ALCESTE.

Ah ! juste ciel ! Pourquoi, dans mon inquiétude…
Cherchai-je des amis, de qui l’ingratitude…


Scène SCÈNE VIII.

ALCESTE, L’AVOCAT, PHILINTE.
ALCESTE, à l’avocat, et vivement.

Venez. Voilà monsieur, dont je vous ai parlé,
Qui peut finir d’un mot un fâcheux démêlé ;
Qui se dit mon ami ; que l’égoïsme abuse
Jusques à se parer d’une honteuse excuse
Pour ne pas engager un oncle, son soutien,
Ministre généreux, vraiment homme de bien,