Page:Fabre d’Églantine - Le Philinte de Molière, 1878.djvu/55

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ALCESTE.

Ô grand Dieu ! C’est mon seing ! Le vôtre ? Juste ciel !

PHILINTE, vivement à Alceste.

Comte de Valancès, c’est mon nom actuel :
Et le traître Robert est un fripon insigne,
Qu’avec une rigueur dont il était bien digne
Depuis quinze ou vingt jours j’ai chassé de chez moi.
C’est lui qui m’a surpris le billet que je voi.

ALCESTE, avec terreur.

Vous ?…

PHILINTE, d’un temps, au procureur.

Vous ?…Billet faux, monsieur, que vous devez me rendre ;
Ou gardez-vous, au moins, d’oser rien entreprendre.

LE PROCUREUR

Je ne connais ici que mon titre.

(Philinte se jette dans un fauteuil, accablé par son désespoir.)
ALCESTE.

Je ne connais ici que mon titre.Oh ! morbleu !
C’est vous que le destin, par un terrible jeu,
Veut instruire et punir… Ô céleste justice !
Votre malheur m’accable, et je suis au supplice.
Mais je ne perdrai pas, moi, de ce coup du sort,
Cent mille écus comptant… Eh bien ! avais-je tort ?
Tout est-il bien, Monsieur ?

PHILINTE, se levant avec fureur.

Tout est-il bien, Monsieur ? Je me perds… je m’égare…
Ô perfidie !… ô siècle et pervers et barbare !
Hommes vils et sans foi !… Que vais-je devenir ?
Rage !… fureur !… vengeance !… Il faut… on doit punir…
(Le procureur file pour se sauver ; il va le saisir.)
Exterminer… Monsieur !… Restez, sur votre tête !

LE PROCUREUR

Comment ? Et de quel droit est-ce que l’on m’arrête ?

PHILINTE.

Vous répondrez du mal que vous allez causer.

LE PROCUREUR

J’y consens.

PHILINTE.

J’y consens.Mon déni doit vous désabuser.