Page:Fabre d’Églantine - Le Philinte de Molière, 1878.djvu/77

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PHILINTE, avec humeur.

Ah ! monsieur, cette idée…Un peu de complaisance,
Madame, s’il vous plaît. J’ai de votre éloquence
Déjà plus d’une preuve, et d’assez bons garants
Pour que, dans la chaleur de pareils différends,
Vous n’ayez pas besoin, soit zèle ou politique,
D’en étaler l’éclat pour faire ma critique.
Certes, vous m’étonnez dans vos façons d’agir ;
Vos efforts ne tendront qu’à me faire rougir.
Et lorsqu’à le bien prendre, on ne me voit sensible
Qu’à vos seuls intérêts ; lorsqu’un amour visible
Éclate assurément dans les soins d’un époux ;
Que cet époux enfin, épouvanté pour vous,
Veut, par délicatesse, épargner à son âme
L’aspect humiliant des chagrins d’une femme,
Cette gêne subite et ces privations
Que peut-être bientôt, en mille occasions,
Vous me reprocherez vous-même, à tout vous dire ;
Quoi ! c’est alors qu’afin d’étaler votre empire,
Vous affectez ici des soins compatissants ?
Mais, madame, après tout, comme vous je les sens ;
Et vous voudrez, de grâce, observer que peut-être
Je suis tout à la fois sensible, juste, et maître.

ÉLIANTE, la larme à l’œil.

Ah ! monsieur !…

PHILINTE.

Ah ! monsieur !…Pardonnez à mon juste dépit
Et suivons notre affaire, ainsi que je l’ai dit.

ÉLIANTE, avec une soumission douloureuse.

Allons, monsieur…

PHILINTE.

Allons, monsieur…Allons. Champagne, mon carrosse !
Nous allons commencer par le banquier Mendoce.


Scène II

ÉLIANTE, L’AVOCAT, PHILINTE.
ÉLIANTE, courant à l’avocat.

Ah ! monsieur, vous voilà ! quittez-vous notre ami ?