Page:Fabre d’Églantine - Le Philinte de Molière, 1878.djvu/78

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Que fait-il ?…

L’AVOCAT.

Que fait-il ?…Sur son sort vos âmes ont gémi.
Mais je viens dissiper cette douleur cruelle,
Et vous apprendre au moins une bonne nouvelle :
Il est en liberté.

ÉLIANTE, avec transport.

Il est en liberté.Se peut-il ? Quel bonheur !

PHILINTE.

Heureux événement !

L’AVOCAT.

Heureux événement ! C’est ainsi que l’honneur,
Et la noble pitié d’une âme généreuse,
Triomphent aisément d’une atteinte honteuse.
Il court au magistrat, comme vous le savez :
À peine devant eux sommes-nous arrivés
(Ils étaient deux ensemble), on le plaint, on l’accueille,
On l’instruit. Sur-le-champ ouvrant son portefeuille,
Sans proférer un mot, mais l’œil étincelant,
Votre ami leur remet un seul titre parlant,
Une lettre, où le style, avec la signature,
Prouvent par quel motif et par quelle imposture
Ses lâches ennemis ont osé, contre lui,
Surprendre le décret qui l’arrête aujourd’hui.
Cette preuve est si claire, entière, incontestable,
Que le juge aussitôt, d’une voix formidable,
Atteste la justice, et promet d’amener
Devant elle celui qui l’osa profaner.
Vous, lui dit-il, monsieur, soyez libre sur l’heure ;
Rendez la bienfaisance à sa noble demeure.
Qu’on ose l’y poursuivre encore et l’outrager,
Soyez sûr que les lois viendront la protéger.
Après quelques discours et les égards d’usage,
Votre ami, d’un ton vif, le feu sur le visage,
M’emmène ; et, sans parler de ce qu’il vient de voir :
Remplissons, m’a-t-il dit, le plus sacré devoir.
Grâce au ciel, je suis libre, et je puis, sans contrainte,
Inspirer aux méchants encore quelque crainte !
Ensemble allons trouver l’agent pernicieux