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grève, ou un lieu de tournoi (Kampfplatz, die Arena)[1] : Griess (ancienne prévôté de chanoines réguliers où se sont réfugiés les Bénédictins de Muri), Griesbach (en Alsace), Grieshof (Hof, ferme), Grieskirchen (Kirche, église), Griesstein, Griesschlag (Schlag, taillis ; coupe ; lieu défriché par l’abatage des arbres : schlagen, frapper ; abattre), Griesthal (vallée sablonneuse), Grieswang (vang, champ) ; — peut-être aussi Grieth, Griethausen ; — Burggriesbach (rivière sablonneuse du château) ; Sulzgries (d’un ruisseau de ce nom ou d’une source d’eau minérale, près de Canstatt ; le coteau au pied duquel se trouve la source se nomme Sulzerrain : Sulze, saline ; Rain, lisière ; gazon ; pacage).

Quelques-uns de ces noms peuvent peut-être se rattacher à gries (adj.), qui fait frémir ; cfr. Graus (obsol. et poét.); effroi, épouvante ; grausam, jad. effrayant ; auj. qui effraie ; cruel, barbare ; grauen, avoir peur.

Un pays sablonneux est aussi désigné par les mots ör (en suéd. grève, lieu plein de gravier : Elsinore pour Helsing-ör, ville du Danemarck en face de Helsing-borg, en Suède) et Strand (bord de la mer ; rivage ; sable) : le Strand, grande rue de Londres, située sur le terrain qui borde la Tamise.

Scholle (glèbe, motte de terre ; sole ; poisson, lat. solea) : Schollen, Schollendorf, etc.

Muld, la terre grasse qui couvre les autres couches du terrain ; Mull et Müll (goth. mulda, angl. mould, suéd. mull), terre meuble ou légère, poussière ; gravois : balayures ; cfr. mahlen, triturer, moudre)[2] :

  1. En celto-breton grôa et krôa, grève ; groan, gravier, gros sable ; cfr. franç. grave, gravier, gravelle, pierre de grès ; et les mots allemands Grus (gravier), Grütze, gruau ; ital. crusca.
  2. Maulwurf (taupe) ne vient pas de Maul (gueule, bouche),