Aller au contenu

Page:Fabre d’Envieu - Noms locaux tudesques, deutsche Ortsnamen, 1885.djvu/383

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 353 —

lité fut ainsi nommée en l’honneur de saint Martin de Tours, très vénéré dans le Valais, où il avait fait un pèlerinage aux martyrs d’Agaune. L’ancien nom de Martigny était Otodur (celt. ot ou aut, [bas breton] ot, aot et aod, qui signifiait « rivage, plage, bord de l’eau ; » et de dur, forteresse), dont les Romains firent Octodurus, en y introduisant le latin octo (huit). On explique de la même manière le suffixe igni ou igné dans : Sauv-igny (terrain de la forêt), Poligny et Polignac (champ de Pol ou d’Apollon ?), Flavigny (champ de Flavius), Aubigny (champ d’Aubin ou d’Albin), Pomp-ign-an (l’habitation du champ de Pompée), etc. Sévigné ne signifie pas « où le feu (ignis) a sévi ; » mais territoire forestier (sylva, 'selve, seube).

Eng devient aussi très facilement ang : Marchangy (le champ de la borne ou de la limite : Mark ; ou du celtique [bas breton] marc’h, [gaél.] marc, cheval).

Nous avons négligé, dans quelques-uns de ces noms, la terminaison y qui signifie maison.

Ing et ingen correspondent aux egnies des Belges et on les retrouve dans les suffixes ini, ingni, angni, ingos, inges, inga, ingia, angium, encum, incum, inium[1].

Ing, devenu eng et inc, prend souvent la forme en ou an.


App. R.Le suffixe ac. — Le suffixe ach sert, en celtique, à former des adjectifs, des noms de personnes et des noms de lieux. Il joue un rôle analogue au suffixe ing (p. 349). Ach offre les mêmes idées : on y trouve les rapports de ach (fils) et de ach (champ productif, cultivé, fertile). À l’idée de « production et de produits » se sont naturellement ajoutées les idées de

  1. Nous croyons avoir suffisamment répondu au désir d’un de nos philologues les plus distingués au sujet du « nommé incum dont beaucoup de savants voudraient faire connaissance. »