Page:Faguet - En lisant Nietzsche, 1904.djvu/134

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en ceci qu’on s’imagine qu’il a une ce valeur » et qu’il donne une « valeur ». Il est un phénomène d’enregistrement. Il enregistre un état de contentement ou de mécontentement, d’appétit ou de répugnance ; il n’évalue pas l’acte à faire ou l’acte fait, il n’est pas à consulter pour savoir si l’acte vaut ou ne vaut pas : « Autrefois on faisait ce raisonnement : la conscience rejette, repousse cette action ; donc cette action est condamnable. Mais, dans le fait, la conscience réprouve une action parce que cette action a été longtemps réprouvée. Elle ne crée pas de valeurs », et l’on en conviendra surtout si l’on songe à ceci que dans les commencements « ce qui déterminait » sans doute à rejeter certaines actions, ce n’était pas la conscience ; mais le jugement ou préjugé relativement aux conséquences de cette action ». Et la conscience n’est, à le prendre ainsi, que l’enregistreur de sentiments, idées ou préjugés passés, surannés et périmés en eux-mêmes. Et si vous l’envisagez comme enregistreur de sentiments ou pensées parfaitement actuels, son autorité comme créatrice de valeurs, comme faisant que quelque chose vaut, n’est pas plus grande ; car enfin « l’approbation de la conscience, le sentiment de bien-être que cause la paix avec soi-même sont du même ordre que le plaisir d’un artiste devant son œuvre. Ils ne prouvent rien du tout. Le conten-