Page:Faguet - En lisant Nietzsche, 1904.djvu/247

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— Le xviie siècle est aristocratique ; il coordonne, il est hautain à l’égard de tout ce qui est animal, sévère à l’égard du cœur, dépourvu de sentimentalité, non allemand, ungemüthlich ; adversaire de ce qui est burlesque et naturel ; il a l’esprit généralisateur et souverain à l’égard du passé ; car il croit en lui-même. Il tient au fond beaucoup plus de la bête féroce, et il pratique la discipline ascétique pour rester maître. Le siècle de la force de volonté est aussi celui des passions violentes. — Le xviiie siècle est dominé par la femme ; il est enthousiaste, spirituel et plat, mais avec de l’esprit au service de ses aspirations et du cœur ; il est libertin dans la jouissance de ce qu’il y a de plus intellectuel, minant toutes les autorités ; plein d’ivresse, lucide, humain et sociable ; il est faux devant lui-même, très canaille au fond. — Le xixe siècle est plus animal, plus terre à terre, plus laid, plus réaliste, plus populacier, et à cause de cela, « meilleur », plus « honnête »… mais plus faible de volonté, triste et obscurément exigeant, mais fataliste. Ni crainte ni vénération devant la raison, pas plus que devant le cœur ; intimement persuadé de la domination des appétits… La morale elle-même est réduite à un instinct (compassion). »

Le plébéianisme avec les instincts que nous lui connaissons s’empare-t-il de l’État ? Il est intéres-