Page:Faguet - En lisant Nietzsche, 1904.djvu/256

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des mers silencieuses. Une vie libre reste ouverte aux grandes âmes… Là où finit l’État, là seulement commence l’homme, l’homme qui n’est pas superflu ; là commence le chant de la nécessité, la mélodie unique, à nulle autre pareille. Là où finit l’État, regardez donc, mes frères, ne voyez-vous pas l’arc-en-ciel et le pont du Surhumain ? — Ainsi parlait Zarathoustra. »

En résumé, quand le plébéianisme l’a emporté, il a détruit l’État sans le remplacer et dans l’incapacité absolue de le remplacer. Il a conquis le pouvoir sans pouvoir l’exercer. Il s’est assuré la domination pour un pur rien. Au nom de la morale il a conquis l’empire pour le néant. L’ascension du plébéianisme est la marée montante de la nullité, et la morale, qui fut sa force ascensionnelle, est une vertu négative et nihilisante. — La morale est la volonté de puissance des impuissants.



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