Page:Faguet - Le Libéralisme.djvu/165

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tiel, et c’est de cela que vous prétendez avoir le monopole ; et vous prétendez que personne autre n’ait le droit de manier et de dresser les intelligences avec d’autres méthodes pénétrées d’un autre esprit ! Vous voyez bien qu’il y a déjà là une mainmise sur les intelligences avec interdiction à tous autres que vous d’y mettre la main. Vous voyez bien que, sous prétexte de liberté, vous faites exactement ce que faisaient les catholiques quand ils prétendaient imposer leur vérité.

— Nous n’imposons pas notre vérité.

— Oh ! en tous cas, vous vous imposez, et c’est beaucoup et, vous le savez bien, c’est le tout.

2° Ou bien, sans imposer jamais aucune doctrine, vous enseignerez la liberté de penser et, bien naturellement, vous défendrez, vous préconiserez, vous exalterez la liberté de penser.

— Certes !

— C’est-à-dire quoi ? C’est-à-dire que vous attaquerez ceux qui sont d’un autre avis. Je ne sais pas d’autre moyen de prouver que j’ai raison, sinon que de prouver que celui qui dit le contraire de ce que je dis a tort. Vous attaquerez donc continuellement le catholicisme, et généralement tous ceux qui ne croient pas que la raison suffise à tout et qui ont recours à la foi, parmi lesquels il y a des protestants, des juifs et des philosophes. De sorte qu’au nom de la liberté, et n’enseignant du reste, je le reconnais, que la liberté, vous attaquerez