Page:Faguet - Le Libéralisme.djvu/280

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y a quelqu’un, roi, classe ou tout le monde, qui peut tout faire, et il n’y aurait plus un seul droit de l’homme. Considérant que nous croyons aux droits de l’homme, nous commençons par déclarer qu’il n’y a pas de souveraineté, ce qui est comme si nous déclarions qu’il y a des droits de l’homme. Il n’y a pas de souveraineté. Il y a des droits de l’homme que toute autorité, de roi, de classe, de législateur, de magistrat, de pouvoir exécutif, de tout le monde, doit respecter. Les voici… »

Si libérales, si profondément libérales qu’elles aient été, les deux Déclarations ne se sont pas avisées de cela, et elles ont admis une souveraineté, celle de tout le monde. C’était créer un despotisme, c’était remplacer un despotisme, relatif, par un autre, radical. Les Français, monarchistes jusqu’aux moelles, ont immédiatement transposé. Ils ont pris la Révolution pour une transposition. Toute la souveraineté qui était dans le roi et un peu plus et beaucoup plus, ils l’ont attribuée à tout le monde. Tout ce qui était de « roi » ils ont dit que c’était « de peuple », et ils n’ont vu ni plus loin ni autre chose. Après une révolution, un étranger, qui était venu voir, disait : « Je ne vois rien de changé, si ce n’est que partout où il y avait « royal » il y a « national ». Je ne vois rien autre. » Cet étranger était beaucoup moins superficiel qu’il ne paraît.

Dès lors, tout allait de soi et tout seul. Transposition générale. Le roi était seul législateur. Le