Page:Faguet - Le Libéralisme.djvu/281

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peuple sera seul législateur, soit par lui-même, soit par ses délégués, et sa volonté sera la loi. Le roi était pouvoir exécutif absolu. Le peuple sera par son délégué pouvoir exécutif absolu. Le roi avait quelques prétentions, contraires du reste à la constitution, à être pouvoir judiciaire. Le peuple sera pouvoir judiciaire, soit en élisant les juges, soit en soumettant les juges au pouvoir exécutif émané de lui. Le roi avait quelques prétentions à être le chef ou le protecteur impérieux d’une religion nationale. Le peuple soumettra étroitement les clergés au gouvernement émané de lui. Le roi n’avait aucunes prétentions à être le chef de l’enseignement ; mais on peut assimiler les questions d’enseignement aux questions religieuses avec lesquelles elles ont un étroit rapport, et le peuple n’admettra que l’enseignement donné par lui ou par ses délégués à l’enseignement, étroitement subordonnés au gouvernement émané de lui. Le roi avait une prétention vague à la possession, à la propriété de toutes les terres de son royaume. Ce droit éminent de propriété, le peuple le revendiquera pour lui-même et prétendra que la terre est et doit être à tout le monde.

Voilà ce qu’est devenue l’idée de souveraineté nationale, simple transposition de l’idée de souveraineté royale. Le monarchisme royal est devenu un monarchisme populaire. La révolution s’est trouvée réduite à un changement de despotisme. On