Page:Faguet - Le Libéralisme.djvu/290

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plus ou moins lointain de la nation, que nous nous occupons. »

Ce raisonnement est juste de tout point. Il faudrait un patriotisme et un désintéressement patriotique extraordinaire pour que ne le fissent point ceux qui ont intérêt à le faire. Et pour que ceux à qui ils s’adressent ne l’acceptassent point, il faudrait, à eux, des lumières, un désintéressement et un patriotisme fabuleux. Donc il est bon de tous points, pratique de tous points ; donc il réussit.

Il se forme ainsi une souveraineté de quatre millions d’hommes, dite souveraineté nationale, qui ne songe qu’à ses intérêts présents, solidaire de la souveraineté parlementaire, laquelle ne songe qu’à ses intérêts présents ; et ces deux aristocraties, réciproquement clientèles l’une de l’autre, ont le plus grand intérêt à la souveraineté de toutes les deux, à ce que rien ne leur soit défendu à toutes les deux, à ce qu’aucune question de liberté ou aucun prétendu droit de l’homme n’arrête, ne limite, ni entrave ni l’un ni l’autre.

3° Et j’ai dit que ces deux souverainetés s’excitent l’une l’autre et se poussent l’une l’autre à l’état aigu. Cela va de soi. Il est bien entendu que le système parlementaire c’est la guerre civile régulière instituée comme régime normal dans un pays. Pour ne pas se battre, de temps en temps on se compte. Entre les époques où on se compte, on se bat par la