Page:Faguet - Le Libéralisme.djvu/289

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vés encore, donc assez rares. Nous trouverons donc une masse assez considérables d’électeurs à qui les Droits de l’homme et toutes les questions de liberté seront très indifférentes. Premier point acquis de lui-même. — Second point : dans cette masse nous aviserons un certain nombre de citoyens que nous attacherons à nous par des places rétribuées par l’Etat, par des promesses d’allégement de charges, par de réels allégements de charges. Nous mnltiplierons les fonctions et les fonctionnaires ; nous promettrons de ne faire payer l’impôt que par les riches ; nous promettrons des diminutions du service militaire ; enfin nous diminuerons réellement pour les pauvres les charges de l’impôt et nous réduirons progressivement le service militaire. À ce jeu, il est évident que la nation elle-même périra. Mais, d’abord la plupart d’entre nous-mêmes ne sont pas assez éclairés pour le comprendre, ce qui supprime une difficulté ; ensuite, l’immense majorité de ceux à qui nous nous adressons est encore moins capable de s’en aviser, ce qui supprime toute difficulté ; et enfin, nous ne sommes pas une aristocratie héréditaire, vivant dans le passé, dans le présent et dans l’avenir ; nous sommes une aristocratie au jour le jour, une aristocratie pour une génération ou pour deux, une aristocratie qui dévore son règne d’un moment ; nous sommes la pire des aristocraties ; et par conséquent c’est de ce qui nous importe, et non pas de l’avenir