Page:Faguet - Le Libéralisme.djvu/31

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signe. On ne lui doit rien tant qu’il n’est pas créancier ; quand il le devient on lui doit ce qui est spécifié par son titre de créance. C’est tout. Il ne faut pas parler des droits de l’homme.

Cela n’empêche pas la Déclaration des Droits d’être ma charte. Mais on verra plus tard en quel sens et pourquoi.

Si j’insiste sur l’inanité absolue des droits de l’homme en tant qu’homme, c’est qu’à poser ainsi la question, et c’est-à-dire à la mal poser, on arrive à des conséquences fausses et dangereuses, et même absurdes. Quand les auteurs, parfaitement vénérables, de nos deux Déclarations des Droits de l’homme, ont rédigé ces très belles chartes de liberté, d’abord ils ont tout brouillé et confondu, ensuite ils ont ici multiplié les droits, et là ils les ont limités et en ont oublié. Leur œuvre est un peu confuse en même temps qu’elle est incomplète.

D’abord ils ont confondu les droits de l’homme et le droit du peuple ; les droits de l’homme, de l’individu ; et le droit du peuple, de la nation, de la communauté des citoyens libres. Les droits de l’homme — j’accepte pour un instant leur façon de parler — sont « la liberté, l’égalité, la sûreté, la propriété ». Soit. Le droit d’un peuple libre, c’est de se gouverner lui-même, soit par lui-même directement, soit par ses représentants. D’accord. Mais les droits de l’homme et le droit du peuple ne sont point la même chose, à tel point même que le