Page:Faguet - Le Pacifisme.djvu/102

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si étroits qui existent entre le cléricalisme et le militarisme — vous vous rappelez ce que les philosophes du xviiie siècle disaient des religions : ils les considéraient, non comme nées spontanément parce qu’elles répondaient à des besoins de la nature humaine, mais comme des inventions d’esprits très ingénieux, très habiles et très fourbes dans le dessein de maintenir les peuples trop crédules en une sorte d’esclavage. Ce que les philosophes du xviiie siècle disaient des religions, nous le disons de la guerre. La guerre est une invention des tyrans qui, sous prétexte, soit d’accroissement extérieur, soit de défense extérieure, ne poursuivent que les intérêts de leur domination intérieure. Le Sénat romain inventait une guerre nouvelle toutes les fois qu’une guerre ancienne était finie, pour dériver du côté des frontières l’ardeur du peuple et le divertir de ses revendications démocratiques. La guerre défensive elle-même et la préparation de la guerre défensive ne sont que des prétextes inventés par des gouvernements qui veulent rester armés surtout contre ceux qu’ils gouvernent. Les gouvernements présentent les voisins comme des ennemis prêts à fondre sur une proie. En 1848, malgré l’attitude ultra-pacifique de la France qui était gouvernée par un poète cosmopolite, le duc de Wellington demande des armements et autour