Page:Faguet - Le Pacifisme.djvu/32

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nation conquérante l’a mise en état de laisser aux vaincus le nécessaire qui leur était ôté sous le prince légitime. Une conquête peut détruire les préjugés nuisibles et mettre, si j’ose ainsi parler, une nation sous un meilleur génie... C’est à un conquérant à réparer une partie des maux qu’il a faits. Je définis ainsi le droit de conquête : un droit nécessaire, légitime et malheureux, qui laisse toujours à payer une dette immense pour s’acquitter envers la nature humaine. »

Ceci est tout simplement une proclamation complète du droit de la force saine et du droit de la guerre civilisatrice. Je dis complète et qui va singulièrement loin. Relisez. Tout peuple qui n’est plus ou qui n’est pas encore dans la force de son institution, c’est-à-dire tout peuple faible ; tout peuple qui a un mauvais gouvernement ; tout peuple corrompu ; tout peuple opprimé ; tout peuple en anarchie ; tout peuple où il y a de mauvais riches ; tout peuple où l’impôt est mal établi ; tout peuple où les gouvernants sont dévorants, ou seulement ne sont pas frugaux ; tout peuple où règnent des préjugés jugés funestes ; — peut être conquis, pour son plus grand bien, en vertu d’un droit nécessaire et légitime, et cela est « malheureux », mais c’est « légitime et nécessaire ». Nous avons ici la pure théorie de l’impérialisme romain,