Page:Faguet - Le Pacifisme.djvu/33

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de l’impérialisme anglais, de l’impérialisme allemand, de l’impérialisme américain, et de tous les impérialismes. Il n’est pas un peuple faible qui ne tombe sous un des articles ci-dessus énumérés ou sous plusieurs et dont, par conséquent, la conquête par un autre ne soit justifiée par avance. Et donc, en dernière analyse, la force pouvant toujours trouver, prouver et montrer son droit, il n’y a que la force.

Concluons que Montesquieu est un pacifiste, puisqu’il n’admet que les guerres de défense ; mais concluons que par sa théorie de la conquête il est pacifiste et belliciste, pacifiste chez les peuples faibles, puisqu’il leur conseille, à tout prendre, de se laisser conquérir avec résignation et espérance ; belliciste chez les peuples forts, puisqu’il leur conseille, dans l’intérêt de l’humanité et dans l’intérêt même des peuples faibles, de conquérir les peuples faibles pour peu qu’il y ait prétexte à cela et en leur montrant que les prétextes ne manquent jamais. Après cela je ne me charge pas de dire dans quel parti il faut ranger le Président.

Les autres philosophes du xviiie siècle sont plus nettement pacifistes, mais ils n’entrent pas assez dans le détail de leurs raisons. Voltaire, le marquis d’Argenson, Frédéric II lui-même, se piquent de pacifisme et déplorent la folie de la guerre. Dide-