Page:Faguet - Le Pacifisme.djvu/406

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menses empires. Car remarquez que ce n’est que dans les nations faibles que ces tendances séparatistes se manifestent et que les « petites patries » renaissent. Dans les nations fortes les petites patries s’effacent, dans les nations faibles les petites patries s’affirment. Donc affaiblissement des nations faibles, renforcement des nations fortes, voilà la formule probable de l’avenir. Précisément parce que les nations déjà faibles « se diviseront et se subdiviseront », les nations fortes annexeront plus facilement les petites patries qui se seront formées du débris des nations moyennes. Ce n’est pas l’Europe qui s’effrite, ce sont les parties fatiguées de l’Europe qui se pulvérisent, et cet effritement ne peut que profiter aux parties de l’Europe qui ne s’effritent point. Je reviens donc et je dis que l’avenir appartient aux grandes agglomérations. Et ces grandes agglomérations se heurteront les unes contre les autres, infailliblement, dans des luttes terribles.

— Tant mieux peut-être, répondront les pacifistes ; car : ou, luttant les unes contre les autres en se faisant d’horribles blessures, mais sans se tuer, les grandes agglomérations en viendront à reconnaître qu’il vaut mieux arbitrer que se battre et créeront la cour suprême d’Europe que nous