Page:Faguet - Le Pacifisme.djvu/407

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rêvons, ce qui est plus facile à faire à trois qu’à trente ; — ou l’une des grandes agglomérations vaincra d’abord l’une des deux autres, puis la seconde, et il n’y en aura plus qu’une, et l’empire romain sera rétabli, et la paix faite.

Il est possible ; mais il n’est pas très probable. Car pour ce qui est de la première hypothèse, il est très faux que trois grands empires voisins se supportent et s’entendent mieux que séparés les uns des autres par de petits États indépendants, « États tampons » qui amortissent les chocs ; — et pour ce qui est de la seconde hypothèse, le plus probable est que si toute l’Europe se trouvait un jour former un seul empire, c’est alors que, indistinctement, un peu partout, les séparatismes se manifesteraient, parce que les peuples ne seraient pas unis entre eux, mais soumis à l’un d’entre eux, ce qui serait insupportable à tous excepté au peuple dominateur ; et ce peuple-ci, quelque vainqueur qu’il eût été, ne serait pas assez fort pour maintenir longtemps dans l’obéissance les peuples soumis.

On m’objectera les États-Unis, et je trouve l’objection excellente. Les États-Unis sont bien une agglomération de peuples différents et ils sont bien, à un autre égard, un peuple composé de deux peuples dont l’un a vaincu l’autre, dont l’un a